11. Les mages, rois, voyants ou ambassadeurs ?
La Bible contient de belles histoires. Une très belle histoire racontée dans la Bible est celle des mages, bien connus sous le nom des Rois mages. En étudiant bien le texte de l'évangéliste Matthieu, on découvre que cette histoire contient de très belles surprises.
L'évangéliste Matthieu raconte l'histoire des mages au chapitre 2 des versets 1 à 12.
L’étoile
Ce récit est surprenant parce qu'il fait mention d'une étoile qui a guidé les Rois mages jusqu'au lieu où l'enfant doit naître. Il est vrai que dans la tradition profane et la tradition orientale, les rois sont toujours accompagnés d'une étoile. Les étoiles sont le signe de la royauté. Matthieu utilise donc cette belle image de l'étoile pour montrer que celui qui doit naître est un roi.
Cette étoile fait aussi référence à la prophétie d'Isaïe, cette prophétie qui dit que « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière », cette lumière qui va resplendir est le signe du salut qui vient, et qui vient à travers les messagers que sont les mages. Le contexte de la prophétie d'Isaïe est bien le contexte de ce peuple qui est en captivité et qui attend un sauveur, le Messie.
Mages
La deuxième surprise de l'évangéliste Matthieu est bien qu'il appelle ces personnages des mages et non les Rois mages. Il ne donne pas d'attribut de royauté mais il dit tout simplement qu'ils sont venus d'Orient. Or nous connaissons l'étendue de l'Orient…
Mais très tôt, dans la tradition chrétienne, on a associé aux mages l’attribut de royauté. Les Pères de l'Église déjà ont commencé à en faire des rois. Vu les présents qu'ils ont portés, c'était sûrement des personnes nanties, mais très vite la tradition a voulu en faire des rois.
L'iconographie elle-même a commencé dès le VIIIe siècle à les représenter avec des couronnes comme s'ils étaient des rois.
Trois
Et la tradition d’Euzerpia leur a attribué des noms : Melchior, Gaspard et Balthazar. Ces rois donc venus d'Orient qui savaient scruter les astres et les signes des temps ont pu reconnaître dans l'enfant qui va naître, le signe du salut pour toute l'humanité. La tradition d’Euzerpia est une tradition chrétienne du début du Moyen-Âge. Un manuscrit raconte l'histoire des mages à travers les personnages de Gaspard, Balthazar et Melchior comme des rois venus d'Orient apporter leur présent. Cette tradition est surtout importante parce qu’elle donne des attributs différents à ces personnages. L’un est un peu plus basané, un autre est un peu plus oriental et un autre est un peu plus occidental.
C'est cette tradition qui va se perpétrer et qui va se développer dans une iconographie de toute part.
Les cadeaux
La troisième surprise de l'évangéliste Matthieu est la surprise que nous aimons tous à Noël, les cadeaux, les présents. Eh bien Matthieu raconte que les mages venus d'Orient avaient avec eux des coffrets. Dans ces coffrets se trouvaient des présents, des présents très étonnants, de l'or de l'encens et de la myrrhe.
Dans la Bible et dans l'Orient ces présents ont une signification : L'or est le présent que l'on offre à un futur roi. Toute la tradition orientale sait que quand un enfant naît et qu'il est destiné à la royauté, il reçoit un présent, de l'or. Le roi des Juifs qui va naître sera donc un roi pour tout l'univers.
De l’encens, signe de la divinité. Nous savons que dans la tradition profane, des rois étaient considérés comme des Dieux et l'enfant qui va naître porte selon le Livre d'Isaïe au chapitre 9, le signe du pouvoir sur son épaule. De l'encens lui est offert pour manifester et pour signifier sa divinité.
Et puis de la myrrhe. La myrrhe est utilisée pour l'embaumement des corps, ce qui signifie que le roi qui va naître est un mortel. Finalement la plus belle des surprises est que le roi qui vient le roi qui va naître et qui est le roi des Juifs est à la fois Dieu et homme.
Déjà au IIème siècle saint Grégoire le Grand reprend cette tradition et situe donc l'enfant qui va naître dans ce contexte de royauté. Il dit à cet effet : « Voici l’or c'est un roi, voici l'encens, c'est un Dieu, voici la myrrhe, c'est un mortel ».
A Noël et à l'Épiphanie, soyons comme les rois mages ! Offrons ce que nous avons de plus précieux à ce roi qui vient pour nous sauver. Offrons-lui les présents de notre vie, offrons-lui les soucis de notre vie, offrons lui simplement notre monde.
frère Bernard Didier Ntamak Songué
En 2021, frère Didier vit et étudie l'Ancien Testament au couvent de Jérusalem. Il s'y occupe de l'immense bibliothèque, après avoir passé de nombreuses années comme aumônier d'étudiant à Douala au Cameroun.
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