4. La luxure
La luxure ! Et on commence par un détour étymologique. Cela nous permettra de vérifier qu’on parle bien de la même chose. On ne confond pas la luxure ni avec le luxe, le superflu et la richesse, ni avec le lucre, la recherche du profit pécunier à travers les activités marchandes. La luxure. Cela vient du latin Luxuria, qui signifie la surabondance, l’excès. Le débordement du désir charnel et sexuel. En grec, c’est encore plus clair : porneia. Qui a donné le mot pornographie. Eh bien voilà, on y est ! La luxure, c’est le péché lié au sexe. La recherche désordonnée du plaisir charnel. Le fait de se complaire dedans, de rechercher le plaisir sexuel pour le plaisir sexuel. L’impureté charnelle. Alors, vous faites attention : l’Eglise ne vous dit pas que le plaisir ou le désir sexuel soient mauvais. La Bible vous dit : Dieu les créa homme et femme et il vit que cela était bon. Le désir et le plaisir sexuel sont bons.
Mais l’impureté, c’est quand on cultive ce qu’il peut y avoir de vicié dans ce plaisir ou ce désir charnel. La luxure.
L’impureté
On parle parfois d’impureté sexuelle ou de péché d’impureté. Et en effet, dans le code de la loi de Moïse, certains actes sexuels rendent impurs, comme par exemple de coucher avec une femme mariée (Lévitique 18, 20). Mais cette conception du pur et de l’impur a changé avec Jésus. C’est ce qui vient de notre cœur qui peut nous rendre impur, ce sont nos mauvaises intentions quelles qu’elles soient qui nous rendent indignes de nous approcher de Dieu (Marc 7, 20-23). L’impureté reste parfois associée à la « porneia » et à la débauche (2 Corinthiens 12, 21 ; Gallates 5, 19 ; Ephésiens 5, 3), mais elle est surtout le contraire de la justice (Romains 6, 19) ou de la sainteté (1 Thessaloniciens 4, 7). La pureté sexuelle, ce serait alors une expression de la sexualité en toute justice et sainteté.
Un exemple
L’exemple le plus célèbre de luxure dans La Bible, ce n’est pas Samson qui couche avec Dalida, la prostituée ; ce n’est pas Hérode qui fait décapiter Jean le Baptiste parce qu’une jeune fille lui a fait la danse du ventre.
C’est David. Le plus grand roi juif. « Un soir, David se leva de son lit et alla se promener —sur le toit en terrasse de la maison du roi ; —de là il aperçut une femme qui se baignait ; —elle était très belle. » (2 Samuel 11, 2) Bethsabée. Comme il est roi, il décide alors qu’il a le droit de coucher avec elle. C’est l’orgueil qui vient justifier la luxure. Il couche avec et la rend enceinte. Pour que cela ne se sache pas, il fait boire Urie son mari pour camoufler l’affaire. La gloutonnerie. Mais même ivre, Urie refuse de coucher avec sa femme en souvenir de ses compagnons qui sont restés à la guerre. Alors, David le tue (la colère) et prend sa femme pour la consoler (l’envie). Et vous voyez comment un péché, la luxure, entraîne avec lui une foule d’autres péchés. C’est pour cela qu’on l’appelle un péché capital. Mais à la racine de ce péché, il y a bien ce regard impur et avide de David qui regarde cette femme nue en train de se baigner. Jésus dira « Si ton œil t’entraîne au péché, arrache-le ! ».
A côté de quoi on passe ?
C’est quoi le problème dans la luxure ? A côté de quoi est passé David ? Et bien à côté de pas mal de choses ! David est passé à côté de qui était vraiment Bethsabée. Parce que Bethsabée, avant d’être un objet de fantasme ou un objet de plaisir et de jouissance, c’était une femme digne d’être aimée pour ce qu’elle était, digne d’être respectée dans ses liens sociaux, la femme d’Urie, digne d’être honorée dans son corps par la pudeur du regard. David est passé à côté de ça. Et puis, il est passé à côté de la chasteté. La chasteté, c’est aimer avec désir et intensité ce qu’il y a de plus beau dans une personne. La chasteté, c’est encore la pureté du corps et du regard. C’est aimer et désirer avec transparence et pureté. Et cela signifie aimer et désirer plus. La luxure, en fait, c’est aimer et désirer moins. Parce que vous voyez, quand on succombe à la luxure, on ne peut pas s’empêcher d’avoir honte. Et que la honte empêche l’innocence et la simplicité de l’amour et du désir.
La bonne nouvelle, c’est que Dieu a pardonné à David. Un péché sordide, mais qui nous a valu l’une des plus belles prières de pénitence. Le psaume 50. Alors, si nous demandons pardon, Dieu nous pardonnera. Et cela doit nous inciter à lutter contre la luxure pour que le pardon de Dieu produise tout son fruit :
Faites donc mourir ce qui en vous appartient à la terre : débauche, impureté, passion, désir mauvais et cette cupidité, qui est une idolâtrie. (Colossiens 3, 5).
Que faire ?
Alors comment lutter ? Eh bien, en ayant une vie pleine. Le meilleur moyen de lutter contre la luxure, c’est d’avoir le cœur déjà pris, d’être déjà passionné pour de belles choses. Quand on vit une vie passionnante, on est moins tenté. Donc soyez passionné. Ensuite, en réduisant les tentations. Et la principale des tentations, c’est Internet. Connaissez-vous. Connaissez vos limites. Ne vous mettez pas dans des situations périlleuses. Utilisez un filtre au besoin. Et puis s’il le faut, vous avez une arme lourde. Le jeûne. De même que la luxure flatte l’excès de la chair, le jeûne met le corps au régime et le remet à sa juste place. Courage à tous ceux qui luttent et souvenez-vous : Dieu aime l’innocence et peut la redonner.
frère Paul-Adrien d'Hardemare
En 2020, Paul-Adrien est aumônier d'étudiant au couvent d'Evry. Il anime aussi une fameuse chaîne sur YouTube.
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