8. La messe, en latin ou en français ?
Blanc – Voici un sujet qui fâche. Lorsque le Concile Vatican II, dans les années 1960 propose que la liturgie puisse être célébrée en langue vernaculaire, c'est-à-dire dans la langue du pays, c'est une petite révolution. Le but était que la liturgie puisse être compréhensible pour tous. Bien-sûr, elle reste toujours un mystère, mais le risque était devenu trop grand que les gens ne comprennent plus rien, ou presque.
Noir – Oui, mais la liturgie nous inscrit dans une tradition. Et la tradition latine est ancienne. Elle nous met en relation avec des générations de croyants, de saint Augustin à sainte Thérèse, et même saint François d'Assise et tant d'autres. En plus, spécialement à travers le chant grégorien, la liturgie latine porte un magnifique répertoire d’hymnes, d’oraisons, d’antiennes essentielles tant par leur beauté que par leur profondeur théologique. Est-ce que nous devons perdre tout cela au nom de l'idée qu’il faut rendre la liturgie compréhensible ?
Blanc - C'est vrai que chaque langue a son génie propre, mais la Bible n'a pas été écrite en latin et les premières grandes liturgies chrétiennes étaient en grec. Finalement dans le christianisme il n'y a pas de langue sacrée, toute langue doit être et peut être évangélisée.
Noir – Oui, pas bête. Donc, si on valorise le latin parce qu’il était incompréhensible et donc plus mystérieux, on se trompe. Car comprendre une partie du mystère nous permet de le goûter. Par contre, si on le défend, parce qu'il apporte un surcroît de sens par sa beauté et le génie propre de la langue alors pourquoi pas.
Blanc – La liturgie doit parler à tous. Elle ne peut ni être réservée à une élite bien formée, ni se contenter d'être consacrée par l'usage d'une langue mystérieuse. La liturgie nous fait participer tout entier au mystère de Dieu. Et c'est aussi par notre intelligence que nous rencontrons Dieu. [Musique] « Veni creator spiritus », oui jusque là, j'ai compris, alors viens Esprit Saint, j'en ai besoin.
frère Charles Desjobert
Frère Charles Desjobert est prêtre au couvent de La Tourette. Architecte de formation, il a aussi été diplômé de l’École du Patrimoine de Chaillot (2018-2020, promotion Notre-Dame). En 2021, il crée son atelier d’architecture. Il suit en parallèle les cours de la licence canonique à l'institut supérieur de liturgie de l’université Catholique de Paris.
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