6. Seule la croix nous sauve ?
Frère Jean-Baptiste : Si Jésus n’était pas mort sur la croix, est-ce qu’on serait sauvé ?
Frère Franck : Bah non. Jésus on le représente toujours sur la croix…
JB : Bah pas du tout, regarde, il n’est pas sur la croix là.
F : Ah non, il a plutôt l’air de guérir un malade.
JB : Et le malade il est sauvé quand il est guéri ?
F : Bah, oui… enfin pas tout à fait. Être guéri, c’est être sauvé.
JB : Comment ça pas tout à fait, il a l’air tout à fait guéri le bonhomme !
F : Tout à fait guéri d’accord, mais est-ce qu’il est tout à fait sauvé ? Et d’ailleurs sauvé de quoi ?
JB : Je ne sais pas moi… Sauvé de la maladie, libéré de la souffrance…
F : Mais il finira bien par mourir ?
JB : Oui, sans doute…
F : Donc en le guérissant Jésus l’a un peu sauvé… mais pas complètement… Suivre, c’est être sauvé.
JB : C’est un bon début. Maintenant que Jésus l’a guéri, il ne va plus le perdre de vue.
F : Il va le suivre tu veux dire ?
JB : Oui, et suivre Jésus, c’est ça aussi être sauvé.
F : Pourquoi ?
JB : Parce qu’il a dit « je suis la voie, la vérité, la vie ».
F : Le salut c’est donc un chemin.
JB : Exactement, quand Jésus enseigne…
F : Il sauve ?
JB : Il nous montre la voie : il nous fait connaître Dieu son Père. Quand Jésus pardonne les péchés…
F : Il sauve ?
JB : Oui, il nous réconcilie avec son Père. Le Fils nous sauve en se faisant homme.
F : Si je comprends bien, le seul fait que Jésus soit venu parmi nous, sur terre, ça nous sauve ?
JB : Exactement, regarde (il tend un paquet de levure)
F : ?
JB : Jésus, c’est comme la levure. Un peu de levure…
F : …et c’est toute la pâte qui lève, mais alors ?
JB : Jésus, c’est le levain.
F : ?
JB : L’humanité, c’est la pâte.
F : Ah, donc il suffit que Jésus, qui est Dieu, se mélange à l’humanité pour que toute l’humanité s’élève vers Dieu. C’est gonflé ton histoire ! Mais s’il suffit à Jésus de se mélanger à la pâte humaine pour la sauver ? Mais la croix alors ? Le Fils nous sauve par sa passion.
JB : Oui, tu as raison, il manque quelque chose dans cette histoire. Jésus dit bien : « il faut que je souffre la passion, que je meure, et que, le troisième jour, je ressuscite ».
F : Oui, parce que quand Jésus meurt…
JB : Il sauve ?
F : Oui, il nous sauve de la mort. Et voilà notre ami, qui était guéri tout à l’heure, complètement sauvé.
JB : Chaque moment de la vie de Jésus nous sauve : de sa naissance…
F : …Jusqu’à sa mort et à sa résurrection.
JB : En passant par son enseignement, ses guérisons, ses réconciliations.
F : Toute la vie de Jésus sauve.
JB : Jésus, c’est Dieu qui sauve.
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frère Franck Dubois
Ancien élève de Science Po Paris, frère Franck a vécu de longues années au couvent de Lille, où il s'est spécialisé dans les Pères de l’Église. Il a obtenu un doctorat es patrologie au Centre Sèvres. En 2020, il est père maître des novices à Strasbourg, où il enseigne aussi la théologie à l'université. Il a publié sa thèse : "Le corps comme un syndrome" (Cerf, 2018) et quelques ouvrages plus accessibles tels que : "Attention, chute d'anges" (Cerf, 2021) et "Pourquoi les vaches ressuscitent (Cerf, 2019).
frère Jean-Baptiste Régis
Frère Jean-Baptiste Régis a étudié la théologie à Oxford et Strasbourg. En 2021, il réside au couvent de Strasbourg, où il est responsable régionale du pèlerinage du Rosaire. Il est membre du Groupe Albert-le-Grand qui rassemble des dominicain(e)s réfléchissant sur des questions scientifiques et qui publient un célèbre bulletin sur ces questions dans la Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques.
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