9. L’Ascension, Jésus est au ciel avec son corps ?
VOIX OFF : C’est à toi ces sandales ?
Frère Franck : Ah merci, je les cherchais partout !
VOIX OFF : Je me disais bien que leur propriétaire ne s’était pas envolé. A ce propos je me suis toujours demandé si Jésus était monté au Ciel avec ses sandales. Parce que Jésus est monté aux cieux, après sa résurrection.
Frère Franck : C’est ce que rapportent les Actes des Apôtres (Actes 1, 9). Ce qui veut dire que Jésus est monté aux Cieux avec son corps d’homme.
VOIX OFF : Tu veux dire qu’il demeure toujours homme aujourd’hui ?
F : Oui. Jésus reste vrai Dieu et vrai homme pour l’éternité. C’est bien la preuve qu’il ne s’est pas incarné dans un corps d’emprunt, provisoirement. Jésus ne se débarrasse pas de son corps en ressuscitant, comme si ce n’était qu’une vulgaire enveloppe jetable. Jésus fait un avec son corps d’homme, il ne le lâche pas. En ressuscitant avec son corps, il nous montre que nous ressusciterons nous aussi avec notre corps. Jésus reste homme et Dieu, pour l’éternité.
Jésus ouvre la voie
VOIX OFF : Mais pourquoi est-ce important que Jésus reste un homme ?
F : D’abord pour nous ouvrir le chemin. Il est le premier homme à être monté aux cieux, à être ressuscité, il nous indique donc que cela est possible. C’est ce que dit la Préface de l’Ascension à la messe : « il ne s’évade pas de notre condition humaine : mais, en entrant le premier dans le Royaume, il donne aux membres de son corps l’espérance de le rejoindre un jour ».
VOIX OFF : Si lui l’a fait, je peux le faire ? Mais lui, il est Dieu, alors c’était facile pour lui...
F : Justement, il rend le chemin vers Dieu accessible pour nous.
Jésus, l’intercesseur éternel
F : Mais il y a plus. Il faut revenir à la Lettre aux Hébreux qui nous dit que Jésus est le grand prêtre qu’il nous fallait, qui intercède pour nous auprès de Dieu. Il en est capable, puisqu’il a connu en tout la condition humaine, jusqu’à souffrir, être angoissé et mourir :
« puisqu’il a souffert lui-même l’épreuve, il est en mesure de porter secours à ceux qui sont angoissés » (Hébreux 2, 18).
Jésus assis à la droite du Père est ainsi l’homme le mieux placé pour porter à Dieu toutes nos prières, justement parce que, tout en étant Dieu, il reste un homme.
VOIX OFF : Il nous comprend donc parfaitement, lorsque nous lui adressons nos prières d’hommes
F : Oui ! Cela le rend proche de nous. Avec Jésus ressuscité à la droite de Dieu : « nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses » (Hébreux 4, 15).
Le Sacré Cœur
Jésus garde son grand cœur, son grand cœur d’homme. C’est un peu ce que nous fait comprendre la dévotion au Sacré Cœur. Jésus garde son cœur humain brûlant d’amour et de compassion pour tous, dans les cieux. Prier le Sacré-Cœur, c’est s’adresser à l’humanité de Jésus, et à Dieu. Il est à la fois le Fils du Père dans sa divinité et mon frère en humanité.
VOIX OFF : Voilà pourquoi les prières de la messe se concluent avec la formule : « par Jésus le Christ ton fils, notre Seigneur et notre Dieu »
F : Eh oui ! Jésus reste le médiateur unique par qui passent nos prières adressées à Dieu le Père. C’est par Jésus que nous allons au Père, puisqu’il est le médiateur entre Dieu et les hommes.
Jésus est sorti pour entrer à nouveau
F : En fait, rien d’étonnant à ce que Jésus soit remonté sans ses sandales !
VOIX OFF : Pourquoi ?
F : Eh bien, lorsqu’il est né, il n’en avait pas non plus…
VOIX OFF : Certes… Où veux-tu en venir ?
F : Eh bien, Jésus vient de Dieu le Père et il y retourne comme il était, ou presque. Ce ne sont pas ses sandales qui remontent avec lui, c’est son humanité.
VOIX OFF : C’est à dire ...
F : Celle qu’il a acquise dès son incarnation. Et avec elle, sa montée aux Cieux est la promesse que ce soit toute l’humanité qui le suive à l’avenir. Jésus remonte avec sur son corps et dans son cœur les traces de tout ce qu’il a vécu sur terre, les traces sa Passion, dans ses mains, sur ses plaies – les traces aussi de l’amour qu’il a éprouvé sur terre, pour les hommes et les femmes qu’il a rencontré ; un amour à jamais marqué sur son cœur. Il est assis à la droite de Dieu et « son règne n’aura pas de fin ».
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frère Franck Dubois
Ancien élève de Science Po Paris, frère Franck a vécu de longues années au couvent de Lille, où il s'est spécialisé dans les Pères de l’Église. Il a obtenu un doctorat es patrologie au Centre Sèvres. En 2020, il est père maître des novices à Strasbourg, où il enseigne aussi la théologie à l'université. Il a publié sa thèse : "Le corps comme un syndrome" (Cerf, 2018) et quelques ouvrages plus accessibles tels que : "Attention, chute d'anges" (Cerf, 2021) et "Pourquoi les vaches ressuscitent (Cerf, 2019).
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