8. L’Esprit Saint, moteur de la mission.
Le Crucifié est vivant. La violence des hommes n'a pas eu le dernier mot. Jésus est ressuscité et maintenant il nous donne son Esprit. Dans l'évangélisation, il y a en effet quelqu'un qu’il ne faut pas oublier, c'est l'Esprit Saint. L'Esprit Saint qui anime le prêcheur et qui est aussi au cœur de ceux qui écoutent et accueillent la Parole.
La présence de l'Esprit Saint, on la trouve mentionnée tout au début de la première lettre aux Thessaloniciens, alors que Paul n'a pas encore développé une grande théologie de l'Esprit Saint. Mais voilà ce qu'il écrit : « Notre évangile (c'est le premier chapitre) ne s'est pas présenté à vous en paroles seulement mais en puissance, dans l'action de l'Esprit Saint, en surabondance. »
Le spirituel, c’est du concret
Alors, il y a une chose qu'il nous faut tout d'abord préciser. C'est que « spirituel » pour la Bible, « esprit » pour la Bible, ce n'est pas « abstrait ». Pour un occidental, marqué par la culture grecque, ce qui est spirituel s'oppose à ce qui est charnel, et on en conclut souvent que c'est évanescent, intellectuel, abstrait.
Pour la Bible, ce qui relève du souffle de Dieu, de l'esprit, la « rouah » en hébreu, eh bien c'est au contraire du côté de la force. Dieu souffle son esprit en Adam et il se met debout, il est un être vivant. Quand donc les croyants reçoivent l'Esprit Saint, ils deviennent des hommes et des femmes debout, animés par le souffle de Dieu.
Des paroles fortes
Eh bien, dès le début de l'annonce de l'Évangile à Thessalonique, Paul est conscient de cette présence de l'Esprit. Cela n'a pas été seulement des paroles, familièrement on dirait du blabla, mais ça a été la puissance, la force d'une parole, qui fait ce qu'elle dit, dans l'Esprit Saint, en surabondance, avec un air de plénitude.
Là où l'Évangile est annoncé, on est du côté de la plénitude, de la joie, de la paix, de la surabondance. On découvre aussi cette présence de l'Esprit dans l'accueil de la parole, lorsqu’il leur dit qu’ils ont accueilli la parole au cœur de bien des tribulations, mais avec la joie de l'Esprit Saint.
Les fruits de l’Esprit
Dans l'épître aux Galates, lorsque Paul parle du fruit de l'Esprit Saint, il mentionne d'abord la charité, « l’agapé », et tout de suite après, la joie. C'est un signe de la vie de Dieu en quelqu'un.
L’Esprit d’adoption
Enfin je pourrais mentionner deux grands chapitres très importants de Paul, c'est au chapitre 4 de la lettre aux Galates. Paul écrit que nous avons une preuve, que nous sommes des enfants de Dieu, des fils et des filles de Dieu. Il nous a donné son Esprit Saint et l’Esprit crie en nous « Abba », Père.
« Aussi n'es-tu plus esclave mais fils et donc héritier. » L'Esprit Saint crie en nous ce que nous sommes, non pas des esclaves. Rappelez-vous Jésus qui dit : « je ne vous appelle plus serviteurs mais je vous appelle mes amis » (Jean 15, 15).
Eh bien si vous deviez vous découvrir par faiblesse ou par méconnaissance comme simplement des hommes, des femmes, soumis ou esclaves, vous n'avez pas encore compris ce qu’est l’Evangile ! Ecoutez l'Esprit Saint qui crie en vous : « tu es fils, tu es fille de Dieu, non pas esclave mais fils, fille, héritier, héritière ».
L’Esprit, maître intérieur
Dans le même sens Paul écrit dans la lettre aux Romains au chapitre 8 : « Vous n'avez pas reçu un esprit d'esclaves, pour retomber dans la crainte, mais vous avez reçu un esprit de fils adoptif, qui nous fait nous écrier « Abba », Père. »
On dirait qu’ici, ce n'est plus simplement l'esprit qui en nous crie « Abba, Père ». Il reprend le mot même de la prière de Jésus. Rappelez-vous à Gethsémani.
Et bien dans la lettre au Galates, c'est l'esprit qui crie en nous « Abba Père » et dans l'épître aux Romains, par ce même Esprit nous crions « Abba Père ». C'est l'esprit qui se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfant de Dieu.
L'esprit devient donc un maître intérieur, on pourrait dire qu’il anime notre relation à Dieu, notre vie de prière mais tout au début aussi de l'écoute de l'Évangile et de l'accueil de l'Évangile.
Il est là pour nous donner fermeté, nous donner consolation, ouvrir notre cœur et ensuite guider notre vie. C’est consolant de s'entendre dire que l'Esprit Saint vient à notre secours, parce que nous ne savons pas prier comme il faut. C'est lui qui prie en nous. C'est lui qui crie en nous, que nous sommes enfants de Dieu. Et avec lui, nous pouvons, avec les mots même de Jésus, dire « Père ». Et ça, c'est le fruit du mystère de Pâques que nous célébrons à la Pentecôte. Nous sommes des gens habités par l'Esprit, accompagnés par lui.
Pour aller plus loin :
frère Jean-Michel Poffet, Évangéliser oui, mais comment ? Paris, Cerf, 2022.
frère Jean-Michel Poffet
Frère Jean-Michel Poffet habite à Fribourg, en Suisse. Il est bibliste et a été directeur de l'École biblique et archéologique française à Jérusalem de 1999 à 2008 et en 2023. Il a publié de nombreux ouvrages : La Patience de Dieu. Essai sur la miséricorde (Desclée, 1992), Jésus et la Samaritaine (Cahier Évangile, Cerf, 1995), Paul de Tarse (Nouvelle Cité, 1998), Heureux l'homme, la sagesse chrétienne à l'école du Psaume 1 (Cerf, 2003), Regards sur le Christ (Parole et Silence, 2017), 7 petits mots de l’Évangile (Cerf, 2021). Cette série ThéoDom fait suite à la réflexion que frère Jean-Michel a mené en écrivant : "Évangéliser, oui mais comment ?" (Cerf, 2022).
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