8. Le baptême de désir
Qu’est-ce que le baptême de désir ? Tout le monde sait ce qu’est un baptême : on verse de l’eau sur le baptisé et on dit : je te baptise au nom du père et du fils et du saint esprit. Mais que se passe-t-il quand quelqu’un veut recevoir le baptême et meurt sans avoir pu être baptisé ?
Le cas de la mort de la catéchumène
A priori, ça arrive rarement, le baptême de désir, d’autant plus que n’importe qui peut baptiser, il suffit de vouloir baptiser (on dit, de faire ce que l’Eglise a l’intention de faire), et de prononcer les bonnes paroles en versant de l’eau !
Pourtant, parfois, il arrive qu’un catéchumène meure avant d’être baptisé.
Cette personne était une catéchumène qui avait fait un parcours de quatre années de catéchuménat (au Burkina Faso, en Afrique, le catéchuménat des adultes dure quatre années). C’est vers la fin de la quatrième année qu’elle est décédée brutalement sans recevoir le baptême. On peut penser qu’elle a reçu le baptême de désir, c'est-à-dire qu’elle a tout de même bénéficié des effets du baptême. D’ailleurs, lors de l’enterrement à l’église, elle a vraiment été reconnue comme une croyante chrétienne, enfant de Dieu.
Définition
Cet exemple n’est pas si isolé. D’ailleurs, l’Eglise y a pensé. D’après le catéchisme de l’Eglise Catholique (§1258) :
« le désir du Baptême porte les fruits du Baptême, sans être sacrement. »
Le bon larron
D’une certaine manière, le bon larron est le premier à avoir reçu le baptême de désir. Vous vous souvenez quand Jésus était sur la croix. Il dialogue avec l’un des deux autres condamnés à mort. Le bon larron demande à Jésus :
« Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »
Et Jésus lui répond : « En vérité, je te le dis, dès aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Luc 23,43).
Le bon larron est mort en confessant la foi, ce que le Christ a estimé suffisant pour qu’il aille au Ciel. On pourrait même dire avec humour qu’il a tout volé jusqu’à voler le Ciel.
S’il n’a pas été baptisé avec la forme du sacrement – qui est la formule trinitaire « au nom du père et du fils et du saint esprit », ni avec la matière du sacrement – qui est l’eau, pourtant, il a gagné le Paradis. Il a bien reçu un baptême de désir.
Le baptême de sang
Ici, il ne s’agit pas du baptême de sang. Ce n’est pas non plus ce qu’on appelle un baptême de sang, quand certaines personnes meurent en martyr pour leur foi sans avoir été baptisées. Le bon larron, lui, est mort à cause de ses crimes et non parce qu’il était croyant.
La foi et les sacrements
Ce baptême de désir, c’est un peu bizarre. Dans l’Evangile de Jean, Jésus dit bien qu’on a besoin du baptême :
« Si un homme ne renaît de l’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jean 3, 5),
Si on écoutait cette citation, la catéchumène, non baptisée, ne pourrait entrer dans le royaume de Dieu. C’est là que saint Augustin a une réponse, dans son fameux livre : De la Cité de Dieu (13. 7). Il fait remarquer que le même Jésus qui a dit ces paroles, a aussi dit :
« Tout homme qui me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux. » (Matthieu 10, 32)
Autrement dit, Jésus donne une grande importance au baptême, mais aussi à la foi des chrétiens.
Ce baptême de désir reste donc exceptionnel : la plupart du temps, quand on désire recevoir le baptême, on le reçoit. Mais si ce n’est pas possible, le baptême de désir est tout aussi efficace pour entrer dans le Royaume de Dieu.
sœur Pascaline Bilgo
Sœur Pascaline Bilgo est dominicaine, de la Présentation de Tours. Elle est originaire du Burkina Faso et, en 2023, elle est doctorante à l'Institut Catholique de Paris, en théologie pastorale.
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