1. Apocalypse 1 à 3 : 7 lettres aux églises
Et si nous parlions un peu du dernier livre de la Bible : je veux bien sûr parler du livre de l’Apocalypse ! Ce n’est pas si terrible que ça en a l’air ! En fait, si on lit ce livre, pour de vrai, voilà ce qu’on trouve dès la première page :
« Heureux celui qui lit,
heureux ceux qui écoutent les paroles de cette prophétie »
(Apocalypse 1, 3)
Étonnant pour un livre à la si mauvaise réputation…
Apocalypse, révélation
Pour commencer, le titre du livre, « Apocalypse », ne veut pas dire « fin du monde » comme on le croit souvent ! C’est tout simplement le premier mot du livre en grec ! « Apo-calypsis » est l’équivalent en grec du latin, « re-velatio » ou du français « dé-voilement » c’est-à-dire le fait de lever le voile, de révéler quelque chose de caché.
voix off : La fin du monde !
Mais non ! Je vous le dire clairement : si on a décidé d’avance que l’Apocalypse parle de la fin du monde, on trouvera en effet, tout ce qu’il faut comme cataclysme, monstres et autre horreur pour nous conforter dans cette idée… Mais on passera à côté de ce que l’Apocalypse veut vraiment nous révéler ! D’ailleurs pour qui veut les lire sérieusement, les 3 premiers chapitres de ce livre, suffisent à rectifier notre image de l’Apocalypse !
Le Fils de l’Homme parle à Patmos
Regardons ensemble le plan du livre : les 3 premiers chapitres forment un premier ensemble. Tout se déroule sur l’île de Patmos au large d’actuelle Turquie. L’auteur nous décrit ce qui lui est arrivé et comment il en est venu à écrire le livre de l’Apocalypse.
« Moi, Jean, votre frère, (…) je me trouvai dans l’île de Patmos (…). Je fus saisi en esprit, le jour du Seigneur, et j’entendis derrière moi une voix forte, pareille au son d’une trompette. Elle disait : “Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises : à Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée. ” Je me retournai pour regarder quelle était cette voix qui me parlait. M’étant retourné, j’ai vu sept chandeliers d’or, et au milieu des chandeliers un être qui semblait un Fils d’homme » (Apocalypse 1, 8-13)
Le « fils de l’homme » nous le savons bien c’est Jésus. L’Apocalypse est donc une vision, une apparition du Christ qui demande à un certain « Jean » (que la tradition identifie à Jean l’apôtre fils de Zébédée) d’écrire pour lui une lettre à 7 églises de l’Asie mineure (dans la Turquie actuelle).
Vision et interprétation
L’Apocalypse c’est donc à la fois une lettre et une vision. Une vision qui demande d’écrire une lettre et la lettre qui décrit cette vision. Mais attention qui dit « vision », dit « interprétation ».
Même si Jean a peut-être vu ces images telles quelles sur l’ile de Patmos ; Jésus qui lui apparaît lui précise aussitôt qu’il ne doit pas prendre au pied de la lettre ce qu’il voit. C’est donc le texte lui-même qui précise que la vision doit être comprise et interpréter de manière symbolique !
Une parole pour l’Église
Ainsi, même s’il est probable que Jean a réellement envoyé son texte à 7 églises de son époque ; le chiffre 7 est lui-même symbolique. Comme les 7 jours de la création, il représente la totalité. Donc si Jésus demande d’écrire à 7 églises, c’est qu’il s’adresse en fait à toutes les églises, à l’Église universelle et donc encore à nous aujourd’hui. Très bien ! Nous savons maintenant qui parle (Jésus) à qui (toute l’Église) et comment (une lettre - vision).
Mais que révèle donc ce texte ? Pour répondre à cette question, il fait entrer un peu plus dans le texte.
La lettre à Laodicée
Voyons de plus près le contenu de ces lettres aux 7 églises. Prenons par exemple la dernière la lettre à Laodicée. Comme chacune des 7 lettres, elle commence par quelque chose que le Christ révèle de lui-même, de sa propre identité :
« Ainsi parle celui qui est l’Amen, le témoin fidèle et vrai, le principe de la création de Dieu » (Apocalypse 3, 14)
Puis elles continuent en révélant quelque chose au sujet de la communauté chrétienne à laquelle il s’adresse.
« Tu dis : “Je suis riche, je me suis enrichi, je ne manque de rien”, et tu ne sais pas que tu es malheureux, pitoyable, pauvre, aveugle et nu ! » (Apocalypse 3, 17)
Ici Jésus ne vient pas faire des révélations de dernières minutes à des chrétiens qui attendraient avec angoisse la fin du monde. Mais il vient plutôt réveiller une église qui n’attend plus son retour ! Et c’est justement ça la révélation ! Le Christ révélé aux chrétiens de Laodicée que leur attitude satisfaite le laisse en réalité dehors à la porte, il lui dont ils n’ont pas besoin de lui !
Cette sévère révélation est aussitôt suivie d’un magnifique appel à la conversion :
« Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Apocalypse 3, 20)
Ce n’est pas la fin du monde
L’Apocalypse n’est donc pas un scénario de fin du monde, C’est la « Révélation de Jésus Christ » (Apocalypse 1, 1) : une lettre qui nous est adressée pour nous révéler qui est vraiment Jésus, et par là même nous dévoiler les véritables enjeux de notre vie ici-bas !
frère Pierre de Marolles
Frère Pierre de Marolles est frère dominicain de la province de Suisse. Après des études à Fribourg, En 2021, il poursuit un doctorat à Louvain-la-Neuve, où il continue de travailler sur l'Apocalypse.
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