5. Marie, mère de Dieu, mère de l’Église
L’Église croit que Marie est mère de Dieu et grâce au pape François, on célèbre aussi Marie, Mère de l’Église. Ça fait beaucoup de maternités ! S’agit-il de deux maternités en une ?
La mère de Dieu
La Vierge Marie est mère de Dieu. C’est le titre le plus célèbre de Marie, depuis le concile d’Ephèse en 431.En grec on dit que Marie est Théotokos. Littéralement celle qui engendre Dieu. Mais n’est-ce pas exagéré de parler ainsi ?
VOIX OFF : Marie est-elle une déesse engendrant un Dieu ?
Non évidemment. Marie peut être dite « Mère de Dieu » car elle permet à Dieu de naître dans le temps en lui donnant un corps. C’est l’incarnation du Verbe dont parle le prologue de Saint Jean (le prologue c’est l’introduction).
« Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu. Et le Verbe était Dieu. Et le Verbe se fit chair. Et il a habité parmi nous. » (Jean 1, 1)
Le Verbe, ça veut dire quoi ? C’est la Parole éternelle du Père par laquelle il a créé le monde. Et c’est en fait une personne divine, c’est le Fils. Ce fils éternel, il prend corps en Marie par l’Esprit Saint.
C’est ce que nous suggère l’ Évangile. Marie est connue comme étant la mère de Jésus. Mais ce Jésus, comment se présente-t-il ? Comme le Fils unique et bien-aimé du Père (Jean 3. 16), né de Dieu, avant tous les siècles (credo). « Amen je vous le dis. Avant qu’Abraham ne fut, je suis » (Jean 8. 58) dit Jésus.
Jésus est à la fois vraiment homme et vraiment Dieu. Tout ce qu’on dit de Jésus comme homme, on le dit aussi de Jésus comme Dieu le Fils. Concrètement, si Marie est mère de Jésus, elle est mère de Dieu le Fils. L’idée à tenir c’est bien que Marie est Mère de Dieu le Fils. Pas de Dieu le Père ni de Dieu Saint Esprit. Quelle dignité infinie pour Marie, mère du verbe incarné !
La mère de l’Église
Marie est dite aussi Mère de l’Église. Cette seconde maternité, on le devine, est spirituelle. Comment l’expliquer ? L'Écriture est plus discrète sur cette seconde maternité. Il y a quand même deux indices très forts.
Le premier c’est à l’Annonciation. Quand Marie devient Mère du Sauveur. Comme l’affirme saint Thomas d’Aquin, Marie dit oui pour toute l’humanité. En ce sens elle est notre Mère, elle nous ouvre à la vie qui vient de Dieu. Dans ce oui de Marie est contenue toute l’humanité ; sans le oui de Marie, l’église ne serait pas advenue. C’est le propre d’une mère de donner la vie. Soyons clairs, Jésus seul nous donne la vie. Mais Marie contribue pleinement ainsi à nous donner ce cadeau. Si vous avez le temps, relisez Vatican II : « Marie sert l’unique médiation du Christ » (Lumen Gentium §8)
Un deuxième indice est fondamental. C’est la scène du Golgotha. C’est là que cette maternité est révélée. Près de la croix de Jésus se tient sa mère et le disciple que Jésus aimait, St Jean. Or que nous dit l’évangile ? Jésus dit à sa Mère : « femme, voici ton fils », puis il dit au disciple : « voici ta mère » (Jean 19.26).
D’après les pères de l’Église (depuis Origène et Augustin), saint Jean représente tous les disciples. Il représente toute l’Eglise. Il est la figure du disciple de Jésus, d’hier et d’aujourd’hui. En donnant à St Jean sa propre mère pour mère, Jésus institue Marie comme la mère de tous les disciples, de toute l’Église.
Ainsi au jour de la passion de son Fils, Marie exerce une maternité spirituelle. D’une certaine manière, elle s’offre avec Jésus pour nous obtenir la vie.
Cette maternité spirituelle de Marie par rapport à l’Église n’est pas encore un dogme, contrairement à la maternité divine. On peut le souhaiter pour manifester le rôle essentiel que Marie joue actuellement dans la vie de chaque baptisé.
Marie est Mère de Dieu, parce qu’elle est Mère de Jésus qui est le Fils éternel du Père venu dans notre chair par Marie. Marie est aussi Mère de l’Église, car elle est associée à la naissance de l’Église par toute sa vie, surtout par l’offrande de son amour unie à celle du Christ sur la croix. La maternité ecclésiale de Marie est contenue dans sa maternité divine. Marie ne peut pas être mère de Jésus sans être nécessairement aussi mère des croyants, qui sont le corps mystique de Jésus.
frère Marie-Ollivier Guillou
Le frère Marie-Ollivier Guillou est dominicain depuis 10 ans. Professeur de théologie et aumônier militaire, il partage son temps entre l'enseignement, la prédication de retraite, et la mission auprès des marins d'état. Il a publié plusieurs ouvrages consacrés à la théologie et la spiritualité.
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