2. L’avent : une liturgie pour attendre le Sauveur
L'avent c'est quoi ? Est-ce que vous avez une petite idée ?
Donc, nous sommes sur le Mont des Oliviers, à Jérusalem. Et, paradoxalement, le Mont des Oliviers parle de la Passion à Gethsémani, mais il nous parle aussi beaucoup de la venue du Seigneur, à la fin des temps. Normalement c'est là que le Mont des Oliviers se coupera en deux, nous dit Zacharie.
Le temps de l'Avent, c'est un temps qui est connu et pas trop connu, qui nous prépare à Noël. Et paradoxalement, c'est un temps très récent dans l'histoire de l'Église. Je suis bénédictine. Et dans la règle de saint Benoît il n’est pas du tout question de Noël, ni d'avent. Il est question de Pâques, de Pentecôte, et du dimanche, le dimanche étant le jour des chrétiens.
De la Résurrection, au retour du Christ
Le centre de l'année chrétienne, c'est Pâques. Une fois qu'on a eu conscience que cet homme était plus qu'un homme, était bien le Fils de Dieu, mort et ressuscité on a, à rebours, réfléchi sur qui est cet homme, sa vie. Et ensuite, on a pensé à sa naissance : cet homme il est né. Il est né quelque part, donc tous les récits de l'enfance vont se mettre en place avec deux évangélistes : Matthieu et Luc.
Donc ce temps de l'avent qui nous amène à la célébration de Noël, il est venu vers le VIe siècle. Il s'est vraiment organisé vers le VIe siècle. Et c'est très intéressant parce que tout part de la résurrection du Seigneur. C'est ça qui a tout fait basculer.
L’anamnèse, l’attente de chaque Eucharistie
Donc tout part de Pâques. Ce qui est quand même intéressant, c'est que dans la liturgie eucharistique, après la consécration, on proclame sa foi quelque part, en ce qui vient de se passer. Et on dit : « nous annonçons ta mort Seigneur, nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. »
Voilà il y a un mot qui arrive : nous attendons ta « venue ». Le Christ qui vient. Et le grand mot de l'avent, ça va être « Viens Seigneur Jésus » : il vient, il est venu. C'est un verbe qu'on va conjuguer au passé, présent, avenir.
Mais en fait ce mot nous dit toute la dynamique de l'avent et toute la dynamique aussi de l'année liturgique. Donc si j'ai dit que Pâques est le centre, Pâques n’est pas un point, c'est un point dynamique qui nous lance vers un « plus », vers un horizon.
Si Jésus est mort et ressuscité et s'il est monté aux cieux, et nous sommes à Jérusalem sur le Mont des Oliviers, et c'est là où traditionnellement selon l'évangéliste Luc, on a l'Ascension du Seigneur, c'est pour qu'il vienne dans sa gloire. Alors je ne dis pas : « qu'il revienne » - très important -, il « vient » alors Jésus vient dans chaque célébration. Il vient dans nos cœurs. Mais il y a une venue eschatologique, ce qu'on appelle une venue de la fin des temps.
La dynamique chrétienne c'est une histoire qui est certes orientée, qui va vers un avenir, mais un avenir qui n’est pas indéfini ou indéterminé. Non il y aura bien une venue du Christ à la fin des temps. Et dans notre liturgie eucharistique, si vous faites attention, il y a beaucoup de moments où on va parler de cette venue.
Aussi il y a une autre façon d'acclamer le mystère de la foi c'est : « Gloire à toi qui étais mort, gloire à toi qui es vivant, notre Sauveur et notre Dieu, viens Seigneur Jésus. » « Viens Seigneur Jésus », c'est le dernier mot de notre Nouveau Testament, de toute la Bible « Maranatha ». C'est le mot qui doit habiter notre prière et notre foi chrétienne : « Viens Seigneur Jésus ».
Les deux temps de l’avent
Dans l'avent, il y a deux périodes. Dans la première période, quand on démarre le premier dimanche jusqu'au 17 décembre, C'est une période où on va plutôt avoir les yeux fixés vers cet horizon eschatologique, de la fin des temps.
Et il y a une phrase qui revient un peu en boucle, qui est selon les évangélistes plus ou moins appuyée c'est : « Es-tu celui qui doit venir ? » Pour moi, c'est une phrase qui me percute beaucoup, parce que cette phrase elle est mise dans la bouche de Jean-Baptiste, le cousin de Jésus. Or a priori il devrait savoir qui est Jésus. Eh bien non ! Jean-Baptiste se pose la question : « Es-tu celui qui doit venir ? » Cela veut dire : « Es-tu bien le Messie ? Celui attendu par Israël ? »
Et c'est une question qui doit toujours nous habiter : « Es-tu celui qui doit venir ? » Alors en même temps nous sommes croyants chrétiens, nous affirmons notre foi en Jésus. Mais cette foi, c'est une foi dynamique. Nous devons avoir toujours des questions : « C'est qui ce Jésus qui s'est révélé à nous ? C'est qui ce Dieu qui se révèle à nous ? »
Dieu pour moi est dynamique, Dieu est Trinité. Donc il y a une dynamique de la foi chrétienne et une dynamique du temps liturgique.
Donc il y a cette première période de cet avent. On est sur cette grande question : « Es-tu celui qui doit venir à la fin des temps ? Comment vas-tu venir ? »
Et après, c'est comme un zoom. Petit à petit, à partir du 17 décembre, le zoom se rapproche et on va être vraiment sur la question de l'incarnation, de la venue du Christ.
Les doxologies
J'ai parlé du mot « venir » et on a aussi donc : « Celui qui est, qui était et qui vient ». Dans nos doxologies c'est-à-dire quand on confesse notre foi, on dit : « Gloire au Père, au Fils au Saint-Esprit, au Dieu qui est, qui était et qui vient. » On ne peut pas tout tenir. Le mystère est tellement dense. Dieu est. Il était et il vient.
Cette phrase : « Viens Seigneur Jésus » doit beaucoup habiter notre prière et notre foi. Dieu vient à nous. Il vient à nous comme celui qui est venu, mais qui nous entraîne plus loin. Il nous précède. Il n’est pas derrière.
Alors c'est très intéressant... nous allons fêter Noël, la venue du Seigneur, comme un événement passé, mais en fait c'est un événement qui est devant. Voilà je vous fais un tout petit peu réfléchir à ça.
Une phrase qui peut vous faire méditer là-dessus c'est : « Viens ô toi qui es venu, venu comme celui qui est toujours à venir. » Jésus est venu comme celui qui doit venir, celui qui ne cesse éternellement de venir.
Les préfaces
Quelque chose qui peut vous aider aussi, c'est d'aller voir les préfaces. Donc les préfaces, c'est ce qui vient juste avant les grandes prières eucharistiques. C’est ce qui introduit, qui fait la transition, entre la liturgie de la parole et la liturgie eucharistique. Le début de la préface et la fin sont toujours pareils, mais le cœur de la préface va être adapté au temps liturgique que l'on célèbre. Et donc pour l'avent il y a aussi deux préfaces. La préface qui va être avant le 17 décembre et la préface après le 17 décembre.
Première préface, ça va vous permettre de bien comprendre ce que je vous ai dit : « Il est déjà venu on assumant l'humble condition de notre chair. Pour accomplir l'éternel dessein de ton amour et nous ouvrir à jamais le chemin du salut, il viendra de nouveau, revêtu de sa gloire, afin que nous possédions dans la pleine lumière, les biens que tu nous as promis et que nous attendons en veillant dans la foi. »
Et la deuxième préface qui est lue à partir du 17 décembre : « Il est celui que tous les prophètes avaient annoncé, celui que la Vierge Mère attendait dans le secret de son amour, celui dont Jean-Baptiste a proclamé la venue et manifesté la présence. C'est lui qui nous donne la joie d'entrer déjà dans le mystère de Noël, pour qu'il nous trouve quand il viendra, vigilant dans la prière et rempli d'allégresse. »
Là on s'est focalisé sur trois figures qui vont habiter tout le temps de l'avent. La figure des prophètes, surtout le grand prophète qu'on lit beaucoup : c'est Isaïe. Ensuite, bien sûr, la Vierge Marie et Jean-Baptiste. Trois figures très concrètes. Voilà trois personnes.
Mais première préface : « il est déjà venu, il viendra de nouveau » et deuxième préface : « il est celui que les prophètes ont annoncé, que la Vierge… » et donc on va se focaliser sur la naissance. »
Donc l'avent est un très beau temps liturgique, un temps liturgique qui se focalise sur la naissance de Jésus, mais qui ouvre un horizon. Donc c'est ça qu'il ne faut jamais perdre : la vie spirituelle, la vie liturgique, la vie chrétienne est une dynamique qui nous entraîne toujours plus loin. Et on va de naissance en renaissance, de résurrection en résurrection, vers un ailleurs qu'on ne connaît pas, et heureusement, qui est la venue du Seigneur.
sœur Marie, du Mont des Oliviers
Sœur Marie est bénédictine au Mont des Oliviers depuis de nombreuses années. Avec une communauté de sœurs, elle mène une vie de prière et d'accueil en face de l'esplanade des mosquées et de Jérusalem.
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