10. Suivre la prière eucharistique
Autant il est assez facile d’écouter une prédication, autant on peut se perdre dans la Prière Eucharistique… Vous savez, il s’agit de cette grande prière que le prêtre prononce à l’autel entre chant du sanctus et le Notre Père, et qui ressemble parfois à un long, long monologue…
Je suis sûr que lorsque vous aurez compris sa logique interne, il sera beaucoup plus facile de suivre, et de participer pleinement et activement à cette belle prière.
La place de la Prière Eucharistique dans la messe:
Pour commencer, je vous propose une brève révision. La célébration de l’eucharistie comprend 4 temps (le rite de l’ouverture, la liturgie de la parole, la liturgie eucharistique, et le temps d’envoi).
Le 3ème temps, celui de la liturgie eucharistique, est composé de l’offertoire ou la préparation des dons, de la prière sur les offrandes, de la prière eucharistique à proprement parler et enfin le rite de communion. Maintenant que vous situez la prière eucharistique dans son ensemble, nous pouvons en voir le sens :
Le sens de la prière eucharistique
Durant cet instant solennel, la communauté chrétienne, par le prêtre, présente louange, action de grâce et demande en offrant au Père, le sacrifice de Jésus. En faisant sienne cette offrande, l’assemblée, l’Église toute entière, s’approprie sa réconciliation obtenue ainsi par le Christ.
Préface
Tout commence par la Préface. La Préface, c’est comme dans les livres, c’est avant le cœur du propos, soit l’essentiel. Celle-ci débute toujours de la même façon. Elle nous prépare à faire Eucharistie, c’est-à-dire à entrer dans l’action de grâce.
La prière de la préface est déjà une action de grâce. Le prêtre, au nom de tout le peuple, la présente en glorifiant Dieu le Père et lui rend grâce pour toute l´œuvre de salut ou pour un de ses aspects particuliers, selon la diversité des jours, des fêtes ou des temps.
Savez-vous que le missel propose plus de 80 préfaces différentes, c’est à dire 80 motifs d’action de grâce ou formulations différentes qui varient en fonction des jours, des fêtes et des saisons ?
Sanctus
Cette prière se conclut par l’acclamation du Sanctus. Cet hymne de louange est une proclamation de la sainteté de Dieu parce que Lui seul est saint. Il est inspiré de deux passages des Ecritures.
Dans le premier passage, tiré d’Isaïe, il nous transporte avec les anges du ciel au pied du trône de Dieu et on chante la sainteté de Dieu: « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l’univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire. » (Isaïe 6, 3 pour la 1ère partie)
Dans le second passage, tiré de l’Evangile de Matthieu, on est avec le peuple aux portes de Jérusalem et qui accueille le Messie: « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! » (Matthieu 21,9)
La première épiclèse
Vient ensuite la première épiclèse : Epiclèse, ça veut dire “appeler sur”. En effet, en imposant les mains sur le pain et le vin, le prêtre appelle la puissance de l’Esprit Saint, afin qu’il agisse, faisant de nos humbles offrandes, le corps et le sang du Christ.
Récit de l’institution
Tout de suite après cette invocation à l’Esprit Saint, nous voilà arrivés au moment solennel du récit de l’institution, c’est le moment où le prêtre reprend les paroles du Christ au soir du dernier repas. À ce moment très particulier, le prêtre agit « in persona Christi ». Autrement dit, durant ce court instant, nous sommes comme transportés hors du temps : ce n’est plus le prêtre qui parle... il prête sa voix au Christ qui prononce lui-même ces paroles, pour nous aujourd’hui :
« Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps livré pour vous »
A ce moment-là se passe un mystère central de notre foi : le pain et le vin deviennent corps et sang du Christ… Le prêtre élève et montre alors à la vénération des fidèles, l’hostie consacrée qui est le Christ présent au milieu de nous ... et il fait de même avec le vin.
Anamnèse
Après la consécration le prêtre proclame le mystère de la foi : effectivement, ce qui se passe durant l’Eucharistie est grand ... c’est pourquoi nous sommes invités à faire mémoire - du grec anamnesia- de la mort et la résurrection du Christ qui rejaillit sur chacun de nous dans l’Eucharistie, comme une grâce de réconciliation et de vie.
Par ailleurs, savez-vous que l’Anamnèse est, avec le rite pénitentiel et « l’agneau de Dieu », les 3 seules occasions où, durant la messe, nous nous adressons directement à Jésus… puisque toutes les autres prières dans la messe sont adressées à Dieu le père.
Seconde épiclèse et intercession
Le grand mouvement de la prière eucharistique se poursuit maintenant par la seconde épiclèse par laquelle le prêtre demande au Seigneur de rassembler maintenant son troupeau :
« Humblement nous te demandons qu’en ayant part au corps et au sang du Christ, nous soyons rassemblés par l’Esprit Saint en un seul Corps »
Et le prêtre continue par une série d’intercessions spécifiques : nous prions en effet en communion avec le Pape et l’évêque du diocèse, mais aussi les vivants et les morts...
« Toutes ces intercessions au terme de la prière eucharistique montrent l'unité de l'Église en son Sauveur : les vivants et les morts, les fidèles et les saints sont le même corps, grâce à l'offrande du corps du Jésus au calvaire et sur chaque autel. » (Don Robert Le Gall, La messe au fil de ses rites, p. 170)
Doxologie
Cette grande prière se conclut en apothéose par la doxologie. Il s’agit du moment le plus solennel de la messe, où on dit la gloire de Dieu. Par son attitude, sa prière et ses gestes, le prêtre offre finalement à Dieu le Père tout puissant, le corps et le sang de Jésus, qu’il a consacrés par la puissance de l’Esprit Saint, au nom et pour le bien de toute l'Église.
Le temps de la prière eucharistique prend fin avec cette grande élévation et le « Amen » des fidèles. Désormais, la liturgie s’achemine vers le but ultime de toute célébration eucharistique : la communion. Alors tous ceux qui sont présents et intérieurement prêts, qui croient en la présence de Jésus, pourront s’approcher pour recevoir en nourriture spirituelle, Jésus présent dans l’Eucharistie.
frère Mathieu-Marie Trommer
En 2023, frère Mathieu-Marie Trommer est au couvent de Nancy, d'où il est très engagé en pastorale, auprès des lycéens, des étudiants et des jeunes professionnels.
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