7. L’Eucharistie, Dieu se donne. Les sacrifices de l’Ancienne Alliance.
Nous le savons, nous ne pouvons pas séparer l’Ancien Testament du Nouveau Testament. Pour comprendre le sens du sacrement de l'Eucharistie, il en est de même… C’est parce que nous lisons et comprenons la première alliance que nous pouvons entrer dans le mystère de notre Salut qui s’accomplit à chaque eucharistie (partage, don, sacrifice, parole…).
En effet les mystères de la messe sont préfigurés par ceux de l ancien testament.
Un don réciproque entre Dieu et son peuple
En effet, la foi au salut a été donnée à un peuple en exil. C’est le peuple lui-même qui fut sauvé, puisqu’on ne croyait pas alors à la vie éternelle pour les personnes. Cela nous fait voir qu’à la messe, Dieu se manifeste en Jésus d’abord pour un peuple qui est l’Eglise et par elle, pour chacun des membres de ce peuple.
Le salut consiste d’abord dans les dons que Dieu fait à l’homme, puis dans la réponse libre, l’offrande de l’homme à Dieu en réponse à ce don.
Les dons de Dieu aux hommes
Le premier don que Dieu fait aux humains dans l’Ancien Testament, c’est sa Parole. Dans l’hébreu, la langue primitive de la Bible, un même mot désigne les événements, et la parole qui les raconte. Les événements vécus par le peuple sont reçus comme des paroles que Dieu leur adresse directement. C’est pourquoi dans la liturgie de la parole à la messe, on lit l’histoire Sainte comme Dieu qui se donne dans la vérité de sa parole.
Mais la parole de Dieu ne consiste pas simplement dans des mots : elle est son œuvre, elle est sa présence. « Toi qui habites les hymnes d’Israël », dit un psaume. Et : « Dieu, nous revivons ton amour au milieu de ton temple » (Livre des Psaumes). De retour d’exil, la première hâte des Juifs fut de construire un temple où Dieu résiderait parmi eux. Nos églises sont précisément à l’image de ce temple, et leur autel, de son autel. L’autel régnait toujours autrefois au sommet de plusieurs marches, pour rappeler la montagne de Dieu au sommet de laquelle était établi le temple. Et l’Eucharistie est pour nous le mystère de la présence de Dieu parmi nous.
La réponse des hommes à Dieu
Quant à la réponse que l’homme fait à Dieu, elle est triple : elle consiste dans des prières de demandes, de supplications, des louanges divines et enfin, des sacrifices. À la messe, Dieu se rend présent, mais en Jésus-Christ. C’est lui, Jésus, qui, le premier, “comme homme”, répond à Dieu, et les fidèles à sa suite, dans son corps qui est l’Église.
Les psaumes de la messe sont la prière même de Jésus, louange et supplication tout ensemble ; les prières prononcées par le président (le prêtre qui préside la messe, au début de la messe, avant l’offrande, après la communion), manifestent l’Eglise qui s’associe à cette supplication de Jésus.
L’Eucharistie, un sacrifice ?
L’Ancien Testament distingue trois types de sacrifices : sacrifice pour le péché, le sacrifice holocauste et le sacrifice de communion.
La messe, on l’oublie un peu souvent, est elle-même un sacrifice : « le saint sacrifice de la messe », disait-on autrefois, parce qu’il désigne le sacrifice de Jésus lui-même qui s’accomplit invisiblement dans la célébration, et présente ces trois caractères.
Autant, par la prière, l’homme se présente à Dieu dans sa pauvreté, autant, dans le sacrifice, le peuple offre à Dieu sa richesse, en reconnaissant qu’elle vient de Dieu lui même.
Un sacrifice pour les péchés : Jésus a offert tout ce qu’il avait, lui-même. Il a aimé les hommes et Dieu jusqu’au bout, en dépit du mal que les hommes lui faisaient, et que Dieu permettait : acte d’amour de l’homme envers Dieu, qui l’emporte sur tous les péchés de l’homme, passés, présents, à venir, commis par l’ homme, contre l’homme et contre Dieu.
Un sacrifice d’holocauste : Jésus a offert tout lui-même à Dieu et s’est ainsi uni à Dieu, comme la chair des sacrifices était brûlée tout entière en holocauste, et montait tout entière jusqu’au trône de Dieu. C’est le symbole de Jésus qui s’offre tout entier.
Un sacrifice de communion : Il y avait enfin des sacrifices de communion, où le peuple recevait une part de ce qui était offert à Dieu dans le temple. De même en nos églises, l’assemblée communie au sacrifice du Christ, parce que c’est en Lui que repose la puissance qui l’a fait s’offrir à Dieu pour s’unir à Lui.
« Le Temple dont parlait Jésus, c’était son corps », dit saint Jean. Le corps du Christ a rapport au temple de l’ancienne Alliance, où Israël offrait à Dieu des sacrifices. La messe, où Jésus s’offre à Dieu en son corps, est un acte de culte, une œuvre de l’homme pour Dieu. Ce culte est d’abord intérieur, invisible : c’est le cœur de Jésus faisant, dans sa passion, la volonté de Dieu. Mais ce culte intérieur, invisible, rendu à Dieu par Jésus, est manifesté dans le culte extérieur que l’Eglise rend à Dieu à la messe. Les cérémonies de la messe donnent ainsi accès à l’intime du cœur de Jésus s’offrant à Dieu, comme à une source qui transforme nos cœurs et leur donne de vivre pour Dieu, ce qui est le sacrifice véritable.
frère Jean-Christophe de Nadaï
En 2023, frère Jean-Christophe de Nadaï est frère au couvent Saint-Jacques, à Paris. Il est membre de la Commission Léonine, un groupe de chercheurs qui travaille sur saint Thomas d'Aquin. Frère Jean-Christophe est un homme de lettre, il a publié, entre autres, Rhétorique et poétique dans la Pharsale de Lucain. La crise de la représentation dans la poésie antique, Louvain, Peeters, 2000, Jésus selon Pascal, Paris, Desclée, coll. « Jésus-Jésus-Christ », 2008 et « L’école française de spiritualité sacerdotale », Sources, 2005.
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