8. Qui agit dans ma vie ? Les vertus et les dons.
« Laissez-vous conduire par l’Esprit Saint », nous dit saint Paul (Galate 5, 16). Cela implique de notre part un certain lâcher-prise pour le laisser agir, une attitude de réceptivité pour accueillir les dons de l’Esprit. D’un autre côté, pour faire le bien, nous devons mobiliser nos ressources personnelles, spécialement ces qualités que les théologiens appellent les vertus morales, par exemple la maîtrise de soi ou le courage. Alors, est-ce qu’il faut plutôt faire par nous-mêmes ou nous laisser faire par l’Esprit saint ?
Frère Vertus – Chercher le bien à faire et l’accomplir, c’est beaucoup une question d’entraînement, un peu comme en sport : plus on fait le bien, plus ça devient facile de le faire, parce qu’on s’améliore, autrement dit on progresse dans les vertus. Évidemment, parfois ça nous coûte, ça demande des renoncements. « L’Esprit saint vient au secours de notre faiblesse », dit saint Paul (Romains 8, 26), mais pas de notre paresse (ça c’est moi qui rajoute). Il y a des petits malins qui ont inventé une esquive, en disant qu’on peut tellement s’abandonner à Dieu qu’il agit en nous mais sans nous. Comme si nous pouvions aimer Dieu et les autres sans jamais faire aucun effort, et même presque sans y penser ! Cette erreur porte le nom de quiétisme.
Frère Dons – Tu as raison de dire que c’est nécessaire de faire des efforts pour nous améliorer. Pourtant, si on insiste trop là-dessus, on risque de tomber dans l’excès opposé au quiétisme : croire que nous ne devons notre salut éternel qu’à nous-mêmes. C’est ce que prétendait un moine nommé Pélage, à Rome au Ve siècle. Il n’acceptait pas que son droit d’entrée dans le Paradis soit d’abord un don de Dieu. Mais plusieurs conciles de l’Église lui ont donné tort.
Frère Vertus – En fait, pour éviter l’erreur de Pétage il n’y a pas besoin d’aller jusqu’à nier l’importance des vertus. Il suffit de nous rappeler d’une chose : même pour grandir dans les vertus, nous avons besoin que Dieu prenne l’initiative de nous aider par sa grâce.
Frère Dons – Ça, c’est sûr que sans la grâce de Dieu on n’irait pas loin ! Par rapport à lui, nous sommes toujours un peu comme des apprentis : nous pouvons faire de bonnes choses par nous-mêmes, mais pour dépasser le plan humain et entrer dans le plan divin, il nous faut son aide.
Frère Vertus – Ah oui, c’est ce que dit Jésus : « pour les hommes c’est impossible » d’entrer dans le Royaume des cieux.
Frère Dons – ça nous dépasse complètement ! Seul l’Esprit de Dieu a la puissance de nous faire vivre de la vie de Dieu.
Frère Vertus – Vivre de la vie de Dieu ! Nous sommes tous faits pour ça ! C’est pour cette raison que l’Esprit nous offre ses dons de manière habituelle. Ce ne sont pas des pouvoirs exceptionnels, ceux qu’il donne seulement à quelques-uns et parfois de manière temporaire, par exemple pour accomplir des guérisons. En théologie, on dit que les 7 dons de l’Esprit saint sont des dispositions permanentes à suivre ses impulsions. Quant aux vertus morales, elles nous aident à accomplir le bien que nous indique notre raison. Elles fonctionnent plus selon un mode humain, avec ses limites.
Pour représenter ça, prenons l’image d’un bateau : on peut le faire avancer à la rame, c’est un peu ce que font les vertus ; mais on peut encore hisser les voiles ; ou plutôt, l’Esprit saint nous donne 7 voiles qui nous permettent de capter son souffle ! Et on utilise en même temps les rames et les voiles !
Alors, dons ou vertus ? – Les 2, mon capitaine !
Frère Damien Duprat a été ordonné prêtre en 2017. Fils de la province de Toulouse, il vit et œuvre en 2021 au couvent de Montpellier.
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