8. 666
« À tous, petits et grands, riches et pauvres, hommes libres et esclaves, elle [la bête] impose une marque sur la main droite ou sur le front (…) : le nom de la Bête est le chiffre de son nom. C’est ici qu’on reconnaît la sagesse. Celui qui a l’intelligence, qu’il se mette à calculer le chiffre de la Bête, car c’est un chiffre d’homme, et ce chiffre est six cent soixante-six. » (Apocalypse 13, 16-18)
Waouh ! Ça fait plutôt peur ! Pas étonnant que ce nombre fascine autant de monde que cela ! Mais qui se cache derrière le chiffre de la bête ?...
Blanc – Je peux savoir ce que tu fais ?
Noir – Euh, je calcule le nom caché derrière le chiffre de la bête …
Blanc – Mais, ce n’est pas vrai… 666 : c’est symbolique ! 7 c’est le chiffre de la perfection, 6 ce n’est donc pas tout à fait 7, c’est donc l’imperfection et 666 c’est 3 fois l’imperfection !
Noir – Intéressant sauf que nulle part dans la Bible le chiffre 6 n’est utilisé dans ce sens… Je ne suis pas contre ton interprétation mais je ne crois pas que ce soit le sens premier de ce nombre ! En plus d’habitude, le texte de l’Apocalypse lui-même nous encourage à prendre les choses de manière symbolique mais là tu l’as entendu, il dit qu’il faut « calculer le chiffre de la bête » parce que c’est un « chiffre d’homme » qui a à voir avec le « nom de la bête ». Or c’est exactement ce qu’on fait avec la gématrie.
Blanc – La quoi ?
Noir – La gématrie. Attends je t’explique. Tu sais que dans l’antiquité on n’écrivait pas les nombres comme nous avec les chiffres arabes mais on utilisait des lettres de l’alphabet.
Blanc – Comme les chiffres romains : le I pour 1, le V pour 5, le X pour dix etc.
Noir – Exactement ! Sauf qu’en grec et en hébreu c’était plus simple : on prenait les 9 premières lettres de l’alphabet pour les chiffres de 1 à 9, puis les 9 suivantes pour les dizaines de 10 à 90, puis les 9 suivantes pour les centaines de 100 à 900 (bon il fallait rajouter deux trois symboles mais à la fin ça marche). Du coup par exemple 144, tu écris ça en grec Rho-Mu-Delta.
Blanc – d’accord ! Et alors ?
Noir – Eh bien du coup, dans l’autre sens toutes les lettres de l’alphabet ont une valeur numérique. Et par conséquent, tout mot que tu écris équivaut à un nombre. Jésus par exemple, ça donne en grec 10 + 8 + 200 + 400 + 200 = 818. C’est ça la gématrie, c’était quelque chose de courant dans l’antiquité. On a par exemple retrouvé un graffiti grec à Pompéi qui dit « J'aime celle dont le nom est 545 »
Pour le chiffre de la bête, ça marche avec le nom de l’empereur « Néron » qui a persécuté les chrétiens : en grec : 50 + 5 + 100 + 800 + 50 ça fait 1005, ce n’est pas bon ! Mais si je mets Qesar Neron en hébreu, 100 + 60 + 200 + 50 + 200 + 6 + 50, c’est bon, ça fait 666 !
Blanc – D’accord mais si j’ai bien compris le système, cela veut aussi dire que si chaque mot ou nom correspond à un seul nombre, en revanche chaque nombre peut renvoyer à plusieurs noms…
Noir – Oui, c’est juste… Du coup, nous dire que calculer le chiffre de la bête, c’est un peu un piège quand même !
Blanc – Ou une manière de dire : « à chaque époque vous pourrez trouver des personnes ou des groupes qui correspondent au 666 et qu’il vous faudra démasquer ».
frère Pierre de Marolles
Frère Pierre de Marolles est frère dominicain de la province de Suisse. Après des études à Fribourg, En 2021, il poursuit un doctorat à Louvain-la-Neuve, où il continue de travailler sur l'Apocalypse.
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