7. Peut-on croire aux miracles ?
Si la foi et la science ne s'opposent pas : comment peut-on croire aux miracles ? Qu'est-ce qui distingue un miracle chrétien d'une pratique occulte quelconque ?
Horoscope, prière de demande, bâton de sourcier, guérisons miraculeuses, méditation en pleine conscience, flux d’énergies... est-ce qu’être croyant veut dire qu’on doit croire tout et n’importe quoi ? Il nous arrive d’être confrontés à des pratiques qui nous posent question, on ne sait pas si scientifiquement elles tiennent la route ni si elles sont conciliables avec la foi chrétienne et de surcroît si elles peuvent vraiment agir pour notre bien. Quels sont donc les critères pour dire qu’une pratique ou un croyance est compatible avec le bon sens et la foi chrétienne ?
Les critères de scientificité
Si quelqu'un se présente comme scientifique, il doit respecter les critères de scientificité, tel la répétabilité (ça doit fonctionner plus qu’une fois et montrer une efficacité au-delà du coup de chance) ou la réfutabilité (il faut pouvoir faire ou du moins imaginer une expérience qui pourrait infirmer l’énoncé de départ). Échafauder une théorie en contradiction avec tout ce que la science enseigne, à son époque, est parfois légitime – l’histoire des sciences le montre, par exemple contre la fixité (non-évolution) des espèces – mais alors il faut présenter des arguments solides et il ne suffit pas de dire que tous ceux qui ne l’acceptent pas sont des conspirationnistes.
Les critères donnés par l’Église
Concernant la foi chrétienne : l’Église ne s’est pas prononcée sur toutes les pratiques imaginables, mais elle donne des critères qui peuvent aider le croyant à voir si c’est sans risque ou s’il vaut mieux s’abstenir. Quelle anthropologie, quelle vision de l’homme, est mise en œuvre et quelle représentation de Dieu se cache derrière. Si on dit par exemple que l’homme n’est pas créé bon et à l’image de Dieu ou que le mal est un principe concurrent de Dieu ou encore qu’il existe des révélations cachées post-bibliques, mieux vaut s’abstenir.
Finalement, il ne faut pas oublier l’aspect financier : est-ce que je m’embrigade dans une pratique qui risque de me coûter cher, quels sont les tarifs pratiqués par celui qui est censé m’aider, est-ce qu’il fait ce qu’il fait pour aider les autre, pour en vivre ou pour s’enrichir du malheur des autres ?
Miracle et paranormal
Et le miracle dans tout ça ? Même s’il s’agit de quelque chose d’extraordinaire et d’inattendu, pour les chrétiens, le miracle n’est pas du paranormal. Mais il se trouve que depuis qu’il y a des théologiens, ils essaient de définir ce qu’est un miracle sans forcément tomber d’accord. Pour saint Augustin, c’est un signe de la part de Dieu grâce à un acte qui rompt avec l’ordinaire tel que nous le connaissons. Qui dit signe dit signifié, ce à quoi le signe renvoie. C’est clairement ce signifié qui compte quand il s’agit de miracles en christianisme et il s’agit bien sûr du Règne de Dieu. Aucun miracle n’est fait pour soi, ni même pour celui qui en bénéficie mais pour nous rappeler que Jésus est envoyé par Dieu, que le Règne de Dieu existe et que Dieu souhaite nous y accueillir.
Retenons donc qu’il faut être prudent avec ce qui va ouvertement ou sournoisement contre les sciences et/ou la foi, même si tout semble permis, tout n’est pas forcément utile, que parfois le but n’est pas d’aider les gens mais de remplir les poches du praticien, que les miracles sont avant tout des signes qui nous révèlent la sollicitude de Dieu pour les hommes.
frère Marc Bellion
Le frère Marc Bellion est fils de la Province de France. Il est titulaire d'un doctorat es biologie et d'un doctorat es théologie. Il est membre du Groupe Albert-le-Grand qui rassemble des dominicain(e)s réfléchissant sur des questions scientifiques. Après de nombreuses années à Nancy, il a été élu prieur du couvent d'Evry en 2021.
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