10. La Bible se lit seul ou à plusieurs ?
(…) C’est mon cinquième et dernier conseil pour lire la Bible : 5ème Conseil : Lire ensemble. On n’est jamais seul quand on lit la Bible: communauté et textes bibliques sont inséparables. Je crois que nous venons de voir que c’est plutôt une chance.
Noir : Je suis tout à fait d’accord . D’ailleurs un catholique n’a même pas besoin de lire la Bible chez lui. Il lui suffit d’aller à la messe .
Blanc : Quoi ?
N : Ce que je veux dire c’est que, si on va à la messe chaque dimanche, on n’a pas moins de 4 lectures bibliques par semaine : sur une année cela fait des larges extraits de l’Ancien Testament dont plus d’une cinquantaine de psaumes, une bonne partie des lettres de saint Paul et presque l’intégralité d’un évangile de Matthieu, Marc ou Luc selon l’année liturgique . Cela fait déjà un beau parcours biblique . Et, pour ceux qui vont à la messe même en semaine, en deux ans ils auront entendu la quasi intégralité de la Bible.
B : Certes, mais cela ne peut en aucun cas nous dispenser d’une lecture personnelle de la Bible . D’ailleurs nous avons tous fait l’expérience qu’une lecture à la messe nous passe, la plupart du temps, au-dessus de la tête si on ne l’a pas lue avant chez soi . Au contraire, si tu as déjà réfléchi -et prié- sur les lectures de la messe avant d’y aller, tu seras d’autant plus réceptif quand elles seront lues publiquement.
N : Là je suis d’accord avec toi . Et pas seulement réceptif mais aussi désireux d’en discuter . Comme tu l’as très bien dit « textes et communauté sont inséparables » . Le travail personnel conduit naturellement à entendre l’homélie du prêtre, pour voir si cela rejoint la lecture que j’en ai faite ou si cela éclaire quelque chose qui était restée obscure pour moi . On voit souvent se former dans les paroisses des groupes de partage biblique, nés d’échanges entre des paroissiens désireux de mieux comprendre les textes.
B : Oui, mais quand je dis « on n’est jamais seul quand on lit la Bible » je ne veux pas d’abord dire qu’on doit trouver du monde pour lire ensemble la Bible. Ce que je veux dire c’est que, même dans une lecture personnelle, la lecture de la Bible nous connecte aux communautés qui ont transmis et interprété ces textes à travers les âges. Pense un instant à toutes les personnes qui ont rendu possible que je tienne cette Bible dans la main. Apôtres ou Prophètes, compilateurs et scribes, imprimeurs et traducteurs. Même dans le choix des livres qui la composent, la Bible est tout entière une œuvre collective.
N : Oui mais attention. Il est facile de se référer à des auteurs bibliques en revendiquant d’être le seul à avoir vraiment compris ce qu’ils auraient voulu dire . N’ayant personne en chair et en os pour contredire ma vision de la Bible, je peux lui faire dire ce que je veux. C’est pourquoi il est important de ne pas seulement reconnaître que la Bible est à l’origine une œuvre collective, mais aussi qu’elle continue d’avoir pour milieu naturel l’Église, où elle est lue et interprétée par la communauté croyante.
B : Tout à fait. On pourrait dire que la Bible vient de la communauté croyante et doit nous y reconduire.
frère Pierre de Marolles
Frère Pierre de Marolles est frère dominicain de la province de Suisse. Après des études à Fribourg, En 2021, il poursuit un doctorat à Louvain-la-Neuve, où il continue de travailler sur l'Apocalypse.
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