9. Prière de combat
Un ange : Mon cher frère c’est l’heure de la prière !
Pas maintenant, j’ai bien d’autre chose à faire...
Un démon : tu as raison, à quoi bon prier, de toute façon cela ne sert à rien...
Les joies de la prière
Il faut bien le reconnaître... La prière ce n’est pas une mince affaire : Au début il faut s’y mettre et quand les choses sont à peu près en place il faut tenir bon... Quelle que soit la forme que prend notre prière, elle est le lieu de la rencontre personnelle avec le Seigneur. Cette rencontre est source de délectation, de bonheur et de paix, mais elle peut aussi devenir un vrai combat. Lorsque l’on débute dans la vie spirituelle, la prière est bien souvent balbutiante, mais elle est jaillissement du cœur vers Dieu ; ou encore elle est un moyen de demander quelque chose d’important pour nous, pour nos proches.... et Dieu répond... même si ce n’est pas toujours comme on l’attend, et quand on le souhaite.
Avec le temps, la prière devient plus compliquée...
Les consolations deviennent plus rares... Ce temps va nous sembler pauvre, vide, inutile et parfois même hypocrite. Bien souvent, c’est à ce moment que la plupart des gens abandonnent, alors que justement c’est là que commence le combat de la prière.
La prière est un combat
Car oui, il faut le dire haut et fort, la prière est un combat !
- Un combat d’abord avec notre nature humaine inconstante, faible et fragile.
- Un combat aussi contre le Tentateur qui cherche à tout prix à nous couper de Dieu et donc de la prière.
- Un combat avec Dieu, enfin, car bien souvent nous prenons peur et résistons à son amour, Lui qui souhaite nous emmener bien au-delà de ce que nous pourrions imaginer.
Ce que le commençant ressent comme un appauvrissement ou un silence coupable de Dieu est en fait le moyen par lequel le Seigneur lui-même vient prendre en main notre prière pour la purifier... St Paul écrit : « L’Esprit Saint vient en aide à notre faiblesse car nous ne savons pas prier comme il faut, ... » (Romains 8, 26) Il est vrai que, souvent, nous oublions que Dieu s'est révélé comme un Père, que par le baptême dans la mort et la résurrection du Fils unique nous sommes devenu nous aussi enfants de Dieu. Ainsi, patiemment, le Seigneur nous fait passer de la prière utilitariste, à une relation filiale à l’image de Jésus. Nous comprenons alors que Dieu n’est pas un génie prêt à exaucer nos caprices, mais qu’il est la source et la fin de toute chose. Il est Père, lent à la colère et plein d’amour... En ce sens, Dieu ajuste notre prière à notre vocation de fils, la rendant plus authentique et aussi plus féconde.
Les obstacles à la prière
Oui, mais ! Si Dieu est un fin pédagogue, mes préoccupations, mes inconstances et les tentations sont de réels entraves à la ma prière : C’est vrai. “Mesdames et messieurs, parmi les obstacles à la prière, bien connues et toujours aussi efficaces, j’ai l’honneur de vous présenter” :
- l’inquiétude (au sujet de la bonté de Dieu, de notre l’avenir)
- le désespoir (sur nous-mêmes, sur notre prière)
- le découragement (« quelle perte de temps, laisse tomber, tu as bien autre chose à faire », « de tout façon prier n’a jamais rien changé »)
- le doute (« Dieu ne m'entend pas, ne m'aime pas », « s’il y tant de malheur dans le monde, Dieu ne peut pas exister ».) A l’opposé on trouve :
- l’activisme : c’est la tendance à croire que pour bien prier il faut en faire toujours plus, et encore plus jusqu’à finir par nous épuiser. C’est pourquoi le rôle d’une mère de famille n’est pas de passer 2h par jour en oraison comme une moniale !
- la gourmandise spirituelle : c’est la recherche des consolations sensibles, ou seul le plaisir et le bien-être apporté par la prière sont l’essentiel.
- l’orgueil : c’est confondre la perfection avec la sainteté, c’est vouloir être parfait au yeux des autres ou alors se comparer à l’exemple du pharisien dans l’évangile de Luc (18)
- on trouve encore l’acédie : c’est la tristesse devant l’effort spirituel qui conduit petit à petit à la tiédeur et au dégoût. Bref tous ceux qui s’aventurent dans la prière rencontrent ces obstacles, et c’est normal !!!
Les béatitudes de la prière
Cela vous paraît exigeant ? Ça l’est, comme toute les choses importantes de la vie qui nécessitent attention et implication. En fin de compte, voici à quoi pourraient ressembler les béatitudes de ceux qui veulent s’engager dans le combat de la prière :
- Heureux celui qui, ayant pris les moyens nécessaires, ne compte pas sur ses propres forces mais appelle à l’aide l’Esprit Saint.
- Heureux l’humble qui ne juge pas sa prière, car Dieu seul en connaît la valeur.
- Heureux le patient qui ne s’inquiète pas lorsque rien ne semble se passer ou encore lors qu’il se surprend distrait.
- Heureux le doux, qui lorsqu’il oublie ou abandonne sa prière, sait recommencer humblement en sachant que le Seigneur l’attend sans jugement, à l’image du Père du fils prodigue.
- heureux enfin le persévérant, sachant que l’essentiel n’est pas dans l’intensité d’une émotion ressentie ponctuellement, mais dans la longue fidélité du don de soi quotidien, et cela passe par le don de son temps à Dieu.
Bibliographie :
Un chartreux, La prière entre extase et combat, Presse de la renaissance.
Laurent Landete, Comment prier chaque jour ? - Petite méthode pratique, Édition Emmanuel.
Jean-Marie Gueullette, Petit traité de la prière silencieuse, Cerf.
Jean-Marie Gueillette, Laisse Dieu être Dieu en toi, Cerf. Jean René Bouchet, Si tu cherches Dieu, Cerf.
frère Mathieu-Marie Trommer
En 2023, frère Mathieu-Marie Trommer est au couvent de Nancy, d'où il est très engagé en pastorale, auprès des lycéens, des étudiants et des jeunes professionnels.
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