1. Marie dans la Bible
La Vierge Marie a une grande importance pour l’Église catholique. Pourtant l’Évangile n’en parle guère. Elle apparaît rarement et elle ne dit pas grand-chose … Que penser de ce paradoxe ? Marie est-elle vraiment une figure centrale de l’Évangile ou est-ce une exagération de l’Église ?
Regardons quelques livres du Nouveau Testament pour nous faire une idée plus précise.
Les évangiles de l’enfance.
Les évangiles d’abord. L’Évangile de Luc et celui de Matthieu parlent de l’enfance de Jésus. Et donc de Marie, Mère de Jésus. C’est d’ailleurs de cette façon qu’on parle toujours de Marie : « Marie, Mère de Jésus ». Dans leurs premiers chapitres, Luc et Matthieu mentionnent Marie à plusieurs reprises. Surtout Luc. Matthieu, lui, voit les choses, du point de vue de Joseph, parité oblige.
C’est Luc, par exemple, qui rapporte la scène de l’Annonciation : l’ange Gabriel annonce à Marie qu’elle va devenir mère du messie. C’est Luc encore qui relate la visitation de Marie à sa cousine Élisabeth. C’est Luc toujours qui rappelle l’épisode de la présentation de Jésus ; ou son recouvrement au Temple, par Marie et Joseph, angoissés et interloqués. Il est aussi celui qui nous a conservé le chant du Magnificat : ‘‘Mon âme exalte le Seigneur” (Luc, ch.1-2).
Quant à Matthieu, il évoque le songe de Joseph. Joseph, qui, sur le conseil de l’ange, prend chez lui Marie déjà enceinte. C’est Matthieu encore qui rapporte l’exode en Égypte de la Sainte Famille qui fuit devant la haine assassine du roi Hérode (Matthieu, ch,1-2).
Quoi qu’il en soit, chez Luc comme chez Matthieu, sitôt les récits de l’enfance terminés, Marie quitte la scène… Bon. On a bien compris que Marie n’avait pas obtenu le rôle principal de la pièce… Non mais sérieusement… Quel est le rôle de Marie ici ? Chez Luc, comme chez Matthieu, la figure de Marie nous aide à prendre conscience du mystère de l’Incarnation : Jésus a été enfant, comme tout homme, mais il est né d’une vierge, c’est un signe qu’il est le messie attendu...
Saint Jean.
Saint Jean, de son côté, évoque à certains moments, très courts, la figure de Marie. Mais sa présence est toujours remarquée.
Par exemple à Cana, tout au début (Jean 2, 1-12), pour le premier signe de Jésus : « il y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y était. » C’est là que la Vierge prononce deux phrases fameuses : « Ils n’ont plus de vin » (Jean 2, 3), dit-elle à Jésus, et aussitôt après, aux serviteurs, juste avant le miracle de l’eau changée en vin: « faites tout ce qu’il vous dira » (Jean 2, 5). Marie lance la carrière de Jésus.
Et on la retrouve tout à la fin, au Golgotha : « au pied de la Croix de Jésus se tenait sa Mère » (Jean 19, 25-27). Au-delà d’avoir été une consolation auprès de son Fils sur la Croix, la présence de Marie à ce moment-là a-t-elle eu un enjeu pour le Salut ? Oui, dès Cana, et surtout au Golgotha, Marie est associée à l’œuvre du Christ, par sa présence, sa prière et son amour.
Les Actes des Apôtres et les lettres de Paul
Quant aux Actes des Apôtres ou aux lettres de St Paul, autant dire que Marie en est quasiment absente. Ils l’effleurent à peine.
Dans les Actes, Marie est signalée au Cénacle (Actes 1, 14). Avec les disciples, elle attend la venue du Paraclet, le consolateur, c’est-à-dire l’Esprit-Saint, promis par Jésus au lendemain de sa résurrection.
Saint Paul, lui, est le plus laconique de tous... Un seul mot. Il l’évoque dans sa lettre aux Galates, sous le vocable de « femme » : le Christ, « né d’une femme » (Galates 4, 4). Il ne cite même pas le nom de Marie. C’est dire si Marie est peu considérée par la théologie paulinienne (de st Paul).
Après ce premier tour d’horizon, d’un point de vue statistique, Marie n’a pas grande importance dans le nouveau testament.
Qu’en penser ?
C’est ici qu’il faut déplacer son regard. Choisir de voir les choses non plus quantitativement mais qualitativement ! Alors on s’aperçoit d’une chose étonnante : Marie est toujours présente aux moments cruciaux – c’est le cas de le dire - de l’aventure évangélique.
Faites l’expérience. Résumez la vie du Christ : Noël, Pâques, la Pentecôte : Marie est toujours là, omniprésente, hyperagissante.
C’est surtout l’évangile de Saint Jean qui nous donne la clef. Saint Irénée au IIème siècle est le premier à l’avoir vu. En effet, chez Jean, Marie apparaît comme la Nouvelle Eve aux côtés de son Fils, le Nouvel Adam. Tous les deux concourent à la recréation de l’humanité, qui a un nom, c’est l’église, chacun à sa place, Marie, comme créature, le Christ comme Créateur et Sauveur. Marie a un vrai rôle. En effet, elle donne naissance au Christ Sauveur et coopère avec lui à la naissance de l’Eglise. Pas de Marie, pas de Jésus, pas d'Église, pas de salut.
Des textes du Nouveau Testament se dégage le rôle essentiel de Marie dans l’histoire du Salut. Non seulement, Marie est mère de Jésus, donc mère de l’auteur du salut. Comme femme de prière proche de Jésus, elle est mère des croyants, c’est à dire mère de l’Église.
frère Marie-Ollivier Guillou
Le frère Marie-Ollivier Guillou est dominicain depuis 10 ans. Professeur de théologie et aumônier militaire, il partage son temps entre l'enseignement, la prédication de retraite, et la mission auprès des marins d'état. Il a publié plusieurs ouvrages consacrés à la théologie et la spiritualité.
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