5. Jésus nous sauve, mais comment ?
Jésus, vrai homme, vrai Dieu, ok mais, ça change quoi pour notre vie ? voire pour notre vie éternelle ? Comment est-ce que Jésus nous sauve ?
Nous comprenons qui est Jésus en comprenant comment il agit pour nous.
Vous vous souvenez de l’éléphant et de la souris ? Nous avions conclu, avec le concile de Chalcédoine, qu’il fallait que Jésus soit parfaitement homme et parfaitement Dieu pour nous sauver. Pourquoi ? Parce que Jésus doit être pleinement solidaire avec les hommes, pour compatir complètement avec eux, et pleinement du côté de Dieu, qui seul a le pouvoir de sauver les hommes…
C’est donc la réflexion sur le salut qui a conduit à préciser la nature exacte de Jésus. C’est parce que l’on a voulu comprendre comment Jésus avait le pouvoir de nous sauver que l’on a compris qu’il était à la fois homme et Dieu, en deux natures.
Différents modèles de salut
Il y a plusieurs façons de comprendre comment Jésus nous sauve. Toutes ont leurs limites, et ce n’est qu’en les combinant que l’on peut comprendre au mieux ce grand mystère : comment Jésus est le sauveur des hommes.
Le Christ est un exemple
Jésus nous sauve parce qu’il est un exemple, c’est vrai, nous pouvons l’imiter et apprendre de lui à nous comporter selon la volonté de Dieu. Jésus est la sagesse qui nous apprend les vrais commandements de Dieu, il est le chemin et la vérité.
Mais il y a plus.
Le Christ nous fait un cadeau
Jésus est aussi celui qui se sacrifie comme une victime offerte pour nos péchés en un sens, Jésus est celui qui prend sur lui tous nos péchés et les détruit en acceptant d’être mis à mort avec eux.
Il réalise pleinement ce que faisait le prêtre de la première alliance. Dans l’ancien Israël, le prêtre offre le sacrifice pour son propre péché et celui du peuple. Mais Jésus, contrairement au grand prêtre, s’offre lui-même une fois pour toutes, consommant définitivement ce sacrifice pour réconcilier définitivement le monde avec Dieu.
Le Christ nous communique ce qu’il est
Une troisième façon de comprendre le salut en Jésus, c’est la divinisation. Par Jésus, Dieu nous transmet certaines de ses caractéristiques. Par exemple, il nous donne la vie éternelle et le pouvoir de remettre les péchés.
Mais en fait, ça va dans les deux sens. En Jésus, Dieu reçoit des caractéristiques des hommes : il souffre, il a faim, il meurt.
En Jésus, l’humanité accueille les propriétés divines, et la divinité accueille les propriétés humaines. Aussi est-il juste de dire que Dieu meurt en Jésus, et que l’homme ressuscite en Jésus.
Le Christ change l’humanité
Ce qui a débuté dans l’humanité du Christ se répand dans tout le reste de l’humanité, selon l’image développée par Saint Paul : Jésus est le premier-né de toute créature, c’est la tête et nous sommes le reste du corps, ou, pour reprendre une de mes images favorites, il est le levain et nous sommes la pâte. Il suffit qu’un peu du levain de la divinité de Jésus se mélange à la pâte humaine pour que lève toute la pâte, toute l’humanité portée vers le haut.
C’est une belle façon de comprendre comment le Christ nous sauve, mais elle a ses limites ; imaginez-vous bien : s’il suffit d’être un homme, pris dans la pâte humaine, pour être élevé par l’effet du mélange de l’humanité et de la divinité en Jésus, alors tout le monde sera-t-il sauvé ? Si Jésus a communiqué l’immortalité à toute l’humanité, tout le monde ressuscitera-t-il immortel avec lui ?
En tout cas, une chose est sûre, Dieu ne nous sauve pas sans nous, sans notre consentement libre.
Mais attention, ce n’est qu’un modèle qui a ses limites. En effet, s’il suffit à Dieu de mélanger sa divinité avec la pâte humaine, en s’incarnant en Jésus-Christ, il n’y a plus besoin de la croix. S’il suffit au Christ de se mélanger à l’humanité pour nous sauver, alors l’Incarnation suffit. Mais cela ne correspond pas à ce que dit l’Écriture qui insiste sur la nécessité de la croix, passion, mort et résurrection du Christ, pour le salut.
On a vu plusieurs modèles : Jésus est un exemple, Jésus s’offre en sacrifice, Jésus nous communique les propriétés de Dieu. Il y en a d’autres.
Voilà pourquoi il faut combiner plusieurs modèles pour essayer de comprendre au mieux ce qui, de toute façon, nous échappera toujours un peu : comment Jésus peut-il nous sauver.
Pour aller plus loin
Lisez : Turner, Henry Ernest William. Jésus le Sauveur : Traduit de l'anglais. Paris, Ed. du Cerf, 1965.
Suivez le cours de christologie 1 sur Domuni, l'université dominicaine en ligne.
frère Franck Dubois
Ancien élève de Science Po Paris, frère Franck a vécu de longues années au couvent de Lille, où il s'est spécialisé dans les Pères de l’Église. Il a obtenu un doctorat es patrologie au Centre Sèvres. En 2020, il est père maître des novices à Strasbourg, où il enseigne aussi la théologie à l'université. Il a publié sa thèse : "Le corps comme un syndrome" (Cerf, 2018) et quelques ouvrages plus accessibles tels que : "Attention, chute d'anges" (Cerf, 2021) et "Pourquoi les vaches ressuscitent (Cerf, 2019).
Une question ? Un commentaire ?
Réagissez sur notre forum